Vi(c)e

Se brader.

Je ne pouvais plus écrire ces derniers temps.
J’ai tout détruit.

Après mon dernier écrit, j’ai beaucoup réfléchi, je me suis posé de nombreuses questions sur mon futur. Lyon n’était pas fait pour moi mais je savais que cette ville me permettait de garder le contrôle. Je pense que démissionner de mon poste d’agent immobilier a été le déclencheur de ma chute.
Sans responsabilités et sans horaires fixes, je n’ai pas retrouvé que mes vieux démons, j’en ai aussi rencontré de nouveaux.
Tout juste réveillé, je parcourais les profils des applications de rencontre à la recherche d’un coup rapide, un verre de rosé dans la main. Si je parvenais à me contrôler les premiers temps, j’ai rapidement ressenti le besoin de boire et de fumer à peine mes yeux furent-ils ouverts.
Je me suis décidé à rendre mon appartement et à revenir sur Paris. J’ai un nouvel appartement, minuscule avec pour seuls meubles une table basse, un canapé, un lit et une étagère. Je ne vis pas ici, j’erre.

Mon retour à la capitale fut plus compliqué que prévu, surtout financièrement. N’ayant plus goût à rien, j’ai annulé l’exposition initialement prévue avec le galeriste belge. J’ai mis l’intégralité de mon travail photographique sur un disque dur et ai supprimé le tout de mon ordinateur. J’ai du me résoudre à vendre mon appareil photo fraichement obtenu pour me payer ma beuh et mon vin.
J’ai essayé de travailler sur Paris. Fin juillet, j’ai obtenu un CDI dans une agence immobilière mais je n’ai pas tenu une semaine. J’arrivais bourré au travail et je revenais de ma pause complètement défoncé. Mon contrat a été rompu lorsque le gérant m’a surpris en train de coucher avec le stagiaire dans un bureau.
J’ai ensuite trouvé une place début août dans un bar gay mais je passais plus de temps aux toilettes avec les clients qu’à servir les tables.

Depuis je n’ai pas eu le courage de retrouver un emploi, je sais que je ne pourrais tenir. Mes comptes sont dans le rouge, j’ai revendu des livres, des vêtements et j’ai fini par me vendre moi-même.
Ici, je ne fréquente plus beaucoup les bars, je me rends essentiellement dans les sex-clubs et les backrooms parisiennes. Je ne sais avec combien de types j’ai couché depuis mon retour, je ne compte plus.
Deux ou trois fois par semaine, je me rends dans un célèbre club gay connu pour ses labyrinthes et ses cabines.
Je bois, beaucoup, avant d’y aller et je fume. Je prépare toujours un joint ou deux pour le fumoir. Je viens tellement souvent que les barmans me donnent des gin tonic sans payer à chaque visite.
Une fois arrivé sur les lieux, je commande à boire et je fais le tour des couloirs sombres. Je jauge du regard les mecs qui sont là et je me pose devant une cabine, en attendant. Puis j’enchaîne les mecs, je prends généralement cinquante euros pour sucer. Lorsqu’ils n’ont pas assez et que je suis vraiment défoncé, j’accepte pour trente. Ma seule condition est que je ne pratique pas la pénétration.
Il m’est arrivé d’oublier de faire payer, notamment avec un mec sublime, extrêmement musclé. J’avais une envie irrépressible de lui donner du plaisir et après qu’il ait joui sur mon visage, je suis resté là, à genoux, le coeur battant et le portefeuille vide.

Je ne m’en veux pas, je ne me sens pas sale. J’ai l’habitude de faire ça gratuitement, pourquoi ne pas accepter un dédommagement ? Je sais que ce n’est pas anodin mais à quoi bon avoir des remords ? De toutes façons, je ne pense plus. Je ne veux que l’ivresse et ce plaisir constant, cette ivresse de jouir.

J’ai beaucoup à dire sur ce qu’il s’est passé dernièrement, notamment avec Tarek mais je dois me rendre chez un type rencontré dans une backroom. C’est devenu un client régulier, qui en plus d’être séduisant, paye bien.