Vi(c)e

Retrouvailles

C’est exactement comme pour le vélo, on n’oublie jamais, du moins ça reste encré.
J’ai roulé mon "premier" joint avec une facilité déconcertante, comme si je n’avais jamais arrêté. Il n’étais pas parfait, mais je ne pouvais me concentrer davantage. Le temps semblait comme figé.
La première bouffée a été merveilleuse, ce goût indéfinissable, cette douceur qui emplissait ma gorge.

Il n’a pas fallu plus de trois bouffées pour être ailleurs. J’avais l’impression d’avoir oublié ce qu’était d’être défoncé même si la sensation familière qui commençait à m’envahir semblait ne jamais m’avoir vraiment quitté.

J’ai regardé autour de moi, je me sentais bien dans cette chambre d’hôtel, apaisé.
J’ai ouvert une bière, je ne voulais plus toucher d’alcool fort après la nuit dernière. Je n’ai reçu qu’un message : "Il m’a dit que tu avais pécho ce matin, reviens pas".
J’ai lancé une série et ai continué à fumer. Je me suis endormi sans m’en rendre compte.

Le lendemain je me suis préparé avant de me rendre dans une agence immobilière. Après avoir visité quelques appartements soit trop petits, trop coûteux ou mal situés, je suis tombé sur une perle, disponible sous deux semaines.
J’ai fêté cette chance inouïe en fumant de nouveau. Etrangement, je me sentais bien dans cette chambre d’hôtel, dénuée de toute décoration. J’ai roulé un second joint pour ne plus penser. Je me suis rapidement endormi.

J’ai mis quelques instant à savoir où j’étais en me réveillant. Je sentais encore les effluves de la beuh dans mon sang et je me suis préparé avant de me rendre au travail.
A la pause déjeuner, je me suis pris du vin en terrasse avec un croque monsieur, pour la forme, que j’ai à peine touché. Je n’avais qu’une hâte le reste de la journée : fumer et oublier.

Une collègue a lourdement insisté pour prendre un verre, par manque d’arguments j’ai accepté. Elle racontait sa vie qui ne m’intéressait aucunement, je n’écoutais pas vraiment et j’ai réalisé que j’avais retrouvé mes deux addictions principales en quelques jours. J’ai soudainement espéré ne pas rencontrer de nouveau les autres.