Vi(c)e

Errer

Voilà près de cinq ans que je me suis installé à Lyon. Par envie de fuir ce qui me nuisait à ce qu’il me restait d’équilibre psychologique.
Cela a été plus compliqué que prévu. Quitter Paris a été à la fois une résurrection et un déchirement, perdre mes repères et mes habitudes a été plus que perturbant.

J’ai eu du mal à supporter ma nouvelle vie, saine, certes, mais affreusement banale.
J’ai quitté ma ville de coeur par amour, chose qu’il ne faut bien évidemment jamais faire. Tout a été trop vite, l’emménagement, l’enlisement, les disputes et enfin les coups.

Lorsque je parle de résurrection, ce n’était que temporaire. Après une énième crise de sa part, je suis sorti de l’appartement que nous partagions aux alentours de vingt heures.
Je croyais quitter le domicile familial afin d’acquérir une indépendance mais j’étais tout aussi enfermé qu’avant.

J’ai fumé une cigarette sur un banc couvert de fientes avant de me rendre dans une supérette. Je suis revenu m’asseoir au même endroit et ai ouvert la flasque de vodka ainsi qu’une canette de coca, les mains tremblantes.
J’ai bu une gorgée, puis deux, grimaçant malgré le goût du soda.
J’ai sorti une cigarette et ai savouré l’instant. Un couple est passé en me dévisageant. Je me sentais bien, enfin comblé, rassasié.

En moins d’une heure je venais de détruire ce que j’avais accompli, je redécouvrais ce pourquoi j’avais fui. Car oui, lorsque je commence, je ne peux m’arrêter, il m’en faut toujours plus.
J’ai besoin d’être toujours plus loin, l’ivresse ne me suffit pas, il me faut impérativement le niveau au dessus.
J’ai ouvert la seconde flasque, que j’avais achetée "au cas où", pensée rassurante alors que je savais pertinemment qu’elle ne resterait pas fermée.

Je suis rentré vers vingt trois heures, empestant le tabac et l’alcool, titubant dans l’escalier. C’est là que les coups se sont mis à pleuvoir, les yeux rouges de haines, hurlant à s’en déchirer les poumons. Je pense que les voisins ont du avoir peur, ce sont les coups à la porte d’une voisine charmante qui l’ont arrêté.

Je me suis allongé sur le canapé et j’ai dormi.

Le lendemain, j’ai appelé un de ses amis qui, à son grand regret, fumait. J’ai hésité et lui ai finalement demandé si je pouvais passer dans l’heure.

J’ai jeté mes affaires dans un sac et je me suis acheté un pochon de weed.