Vi(c)e

Lola

On ne naît pas dépendant, on le devient. C’est souvent la vie ou les relations qui vont nous inciter à devenir accro à telle ou telle chose.
On a tous connu une personne qui va influer sur notre vie, qui va nous faire changer, en bien ou en mal.
Dans mon cas il s’agit de Lola, l’une de mes plus proches amies.

Nous nous sommes connus lorsque nous avions huit ans et ensemble nous avons tout partagé. Nous avons découvert la vie, avides de nouvelles expériences et sensations.
C’était une fille pleine d’entrain, courageuse et téméraire, qui se faisait souvent remarquer, dans le mauvais sens du terme. Nous étions toujours dans les mauvais plans, convoqués chez le directeur ou punis par nos parents.
Avant de la rencontrer, j’étais un garçon calme et discret, aimant rêver dans son coin, sans causer le moindre problème. A huit ans, nous avons volé nos premières babioles dans les magasins de quartier, avons acheté notre premier paquet de cigarette soit disant pour nos parents et avons même fumé un joint piqué à son père.
A dix ans, nous avons fouillé dans les placards de ses parents et sommes tombés sur des magazines et des vidéos pornographique. Plusieurs fois nous avons regardé des images inadaptés à notre âge sur internet ou dans ces livres. Je ne comprenais pas tout mais je me sentais grandir trop vite.

Pendant deux ou trois ans nous avons arrêté de nous fréquenter, nos parents respectifs commençant à voir d’un mauvais oeil notre amitié particulière.
Lorsque nous avons eu quatorze ans nous nous sommes retrouvés. Elle fumait des cigarettes constamment et des joints presque tous les jours, buvait et avait déjà couché avec un mec.
Elle a ramené quelques bières et nous avons bu en plein après-midi. Il ne m’a fallu que la moitié d’une canette pour ressentir des sensations que je n’avais jamais éprouvées. J’avais chaud, je me sentais étrangement excité, je riais.

Nous étions en dernière année de collège lorsqu’elle s’est mise à organiser des soirées, les premières de ma vie.
Cette période a été merveilleuse, j’ai découvert ce qu’était l’amitié adolescente, la liberté et les premiers émois. La bière coulait à flot, le gin et la vodka également. Nous faisions des concours de boisson et je finissais quasiment toujours vainqueur. J’ai eu ma première relation sexuelle avec Lola, tout s’est déroulé très étrangement, j’étais empli de timidité, je me sentais perdu.
Je savais à ce moment que les garçons m’attiraient tout autant que les filles.
J’ai rencontré mon premier copain sur internet, par l’intermédiaire de mon blog. Ce type de dix sept ans que j’idéalisais était en fait un pervers qui prenait plaisir à "dépuceler" de jeunes garçons. Ma déception a été grande et Lola ne m’a pas quitté. Nous avons tous les deux appris à aimer et à grandir ensemble, partageant nos expériences respectives. Je prenais exemple sur elle, si libérée et détachée de l’amour. Son seul but était de profiter de chaque seconde de sa vie.

Au lycée nous étions sans cesse ensemble, nous séchions les cours afin de boire du mousseux dans un parc, allions dans des citées afin de nous fournir en cannabis, passions nos week end sur Paris à nous enivrer.
Un jour, j’ai senti qu’elle tournait mal. Dès le matin, avant les cours, elle ouvrait une bouteille de vodka et se faisait quelques verres. Elle ne quittait pas son domicile sans avoir roulé un joint qu’elle fumait sur le chemin. En cours, elle emmenait une bouteille en plastique remplie d’alcool, qu’elle finissait par ne plus cacher.
Elle a été virée du lycée en terminale, un peu avant son bac.
C’est là que les choses ont dégénéré. Elle était de plus en plus portée sur le sexe, surtout sans lendemain. Je l’ai emmené plusieurs fois dans des sex shop pour l’aider à trouver des godes et elle finissait par s’exhiber dans les boutiques. Un jour, défoncés au plus haut point, nous sommes entrés dans un sex shop de Pigalle, elle a pris un des sex toy sur les présentoirs et se l’est introduit devant les clients. Elle a fini par coucher avec le vendeur et un client, en plein milieu des allées.

Nous avons été ensemble dans un club libertin. Même si je me considérais comme une personne totalement libérée et que j’avais déjà un nombre important d’amant(e)s, c’était une première pour moi. Ce moment a été un tournant, une sorte de révélation, je me sentais à mon aise, heureux dans cet endroit. Nous avons fait l’amour avec un homme sublime, le sosie de Beckam, en plus jeune.
Elle n’était pourtant pas satisfaite, je pense qu’elle avait déjà du coucher avec une dizaine de mecs. De mon côté, je préférais regarder, j’ai seulement satisfait deux ou trois types qui avaient échappé à la surveillance de leurs compagnes.
Vers la fin, elle ne répondait plus de ses actes, les substantes qu’elle avait ingurgité la rendant incontrôlable. Elle s’est mise à sucer des types affreux à la chaîne. J’ai tenté à plusieurs reprise de l’arrêter mais elle semblait possédée.
Je suis finalement sorti du club, dans un état second, me sentant différent mais affreusement coupable et sale. Je n’avais jamais rien fait à plusieurs.

Les semaines suivantes ont été particulièrement étranges, je ne pouvais plus gérer Lola, elle devenait une personne presque inhumaine. A une soirée, elle a pris de la coke, puis de l’extasie à une autre. Je ne pouvais et je ne voulais plus la suivre.
Avant que je décide de prendre mes distances, elle venait de s’incrire sur un site d’escort. Ca a été l’étape de trop, malgré toute mon aide, elle était décidée.

Il y a deux ans elle m’a contacté via Facebook. J’ai hésité à répondre, nous nous sommes vus sur Paris.
J’ai immédiatement regretté ma venue, elle était dans un état monstrueux, elle tremblait et ne cessait de se gratter, les bras couverts de cicatrices et marques de piqures. Elle a bu, énormément, et a pris, il me semble, de la drogue aux toilettes. Nous étions ensemble depuis un peu plus d’une heure lorsque j’ai décidé de partir, c’est à ce moment qu’elle m’a demandé de l’argent, près de cinq cents euros. Elle avait d’énormes dettes de drogue et était tombée sous le contrôle d’un mec affreux qui l’exploitait. Elle n’avait pas quitté la prostitution depuis notre séparation.

Je suis sorti, je me sentais presque sain à côté d’elle, malgré mes nombreux vices et addictions.
Nous ne nous sommes jamais revus depuis, ni contactés. Je me demande parfois quelle vie j’aurais eu si je n’avais pas rencontré Lola.