Vi(c)e

Souvenirs

Après cette rencontre nocturne dans un parking, tout m’est rapidement revenu en tête.
Le lendemain, au travail, je ne pouvais cesser de penser à ce type, le premier depuis ma rupture. Tout s’est passé tellement vite, deux inconnus qui ne se reverrons probablement jamais, et s’ils se croisent, feront comme si rien ne s’était passé.

Bien sûr, j’ai repensé à lui, avec un pincement au coeur. Même si jamais je ne me remettrais avec, notre histoire est toujours présente en moi, ces deux ans et demi représentent beaucoup. Nous avons tout de même emménagé ensemble après presque deux ans à se fréquenter sur Paris.

Le rencontrer m’a fait changer, moi, qui courrait de soirée en soirée, vivait de nuits blanches et d’escapades souillées de luxure. Il me canalisais, sans me priver ni me brimer, il me pardonnait lorsque je m’égarais. Quand je fautais, il me comprenait.
Notre relation n’était pas toujours rose et après quelques dérapages, je lui ai été totalement fidèle. Je me sentais différent. Six mois après notre rencontre, il a cessé de boire, probablement à cause de moi, toujours dans l’excès.

Même si je sentais que les verres que je me servais lui déplaisaient, il ne m’a jamais obligé à arrêter. De jour en jour, j’ai réduit ma consommation jusqu’à arrêter, excepté en soirée.
Cela ne m’intéressait plus, je préférais fumer. C’était un plaisir que nous partagions. Le dimanche matin, alors qu’il allait chercher des croissants, je préparais un joint et nous fumions dans le lit. Même si nous ne faisions rien de particulier, nous étions en osmose totale, les heures passaient sans que l’on s’en rende compte.
Un jour, son boss lui a proposé de partir à Lyon, il ne pouvait pas refuser. Il m’a alors demandé de venir avec lui.

J’allais devoir quitter Paris, cette ville qui représente tout pour moi, où j’ai grandi, où j’ai vécu, où j’ai aimé. Tous mes amis se trouvaient ici, toutes les choses qui rendaient heureux se situaient à Paris, mais également tout ce qui me détruisait. Les bars, l’ivresse en déambulant dans les rues pavées, les salles sombres des clubs discrets, la drogue et l’alcool constant.

J’ai décidé de le suivre, nous avions un mois pour tout préparer. Je l’ai soudain vu sous un nouveau jour, il était sous pressions constante. Il a décidé d’arrêter de fumer et a voulu que j’arrête.
Je ne buvais plus et il a décrété que le cannabis ne devrait plus faire partie de ma vie. Il était trop tard pour faire marche arrière, par amour j’étais de toute façon prêt à tout.
Les premières nuits ont été affreuses, pire que pour l’alcool. Je me réveillais en sueur en ne pensant qu’à une chose, me faire un joint.

Un lundi, alors que nous faisions du tri dans nos affaires, j’ai craqué et ai roulé un joint. J’avais conservé de quoi m’en faire un seul, au cas où. Je n’avais pas craqué depuis deux semaines, mais je ne pouvais plus me contenir. En me voyant, il m’a giflé, le regard monstrueusement noir et a quitté l’appartement en claquant la porte. J’ai fumé la moitié et ai écrasé mon bédo, les larmes aux yeux.

Arrivés sur Lyon, j’ai rapidement déchanté. J’ai trouvé un travail rapidement et il ne rentrait que très tard. Nous n’avions quasiment plus de temps pour nous et il a commencé à être jaloux et possessif, à l’excès. Tout était prétexte à un reproche, à une dispute, voir à un coup.
J’ai subi, pendant plusieurs mois avant de fuir.

Je me suis demandé si lui aussi avait eu une aventure après avoir ma rencontre avec ce rebeu. Cette pensée ne m’a pas blessé, pour une fois. Je me sentais enfin libre.