Vi(c)e

Désabusé

Il est presque onze heures. Je me suis réveillé il y a à peine une heure et demi.
J’allume une cigarette pour accompagner mon verre de crémant. Je prends un cachet pour calmer mes crises.
La bouteille est déjà à moitié vide, mes mains ne tremblent plus.

Un peu plus de deux ans se sont écoulés depuis ma dernière publication. Je croyais avoir déjà touché le fond, mais il n’en était rien.
Je ne me suis pas vendu ces dernières années, je me suis bradé.
Eric, cet homme qui me soutenait financièrement et moralement a fini par me tourner le dos. Il a eu raison.
Alors qu’il faisait tout pour moi, j’ai fini par abuser de sa confiance et de sa gentillesse. Je lui volais de l’argent, revendais certains de ses livres ou meubles coûteux.
Il a essayé de parler avec moi, de me raisonner, de m’aider un peu plus financièrement mais je lui ai répondu qu’il me dégoutait.
J’avais besoin de partir. Il a accepté ma requête et je n’ai plus jamais eu de nouvelles.
Mes comptes étaient à sec et mes dépenses de plus en plus conséquentes.

J’ai fini par me prostituer à Paris, parfois pour quelques euros, une bouteille ou de quoi fumer. J’ai également touché à d’autres drogues pour oublier ces visages, ces corps sales et ces odeurs de baise.
J’ai mis du temps à arrêter les drogues dures et encore plus pour cesser de vendre mon corps.
Depuis, je suis sous cachetons, dès le matin, pour faire cesser mes tremblement et oublier mes pensées suicidaires.
J’ai la chance d’être suivi par une psychiatre formidable qui m’a beaucoup aidé l’année passée. J’ai repris possession de ma vie en travaillant. Mes jobs ne duraient jamais longtemps mais m’ont permis de conserver mon appartement et de toucher le chômage lorsque j’en avais besoin.
J’ai été serveur, j’ai travaillé dans un restaurant et dans une librairie. Bien évidemment, mes patrons voyaient que je n’étais pas toujours clean, mais la plupart m’ont soutenu et m’ont aidé dans ma reconstruction.

Cela fait un peu plus de six mois que je ne me suis pas vendu. J’ai développé un dégout pour le sexe et malgré quelques rechutes, je sens que je me réapproprie mon corps.
Je ne fume plus qu’un joint par jour, malheureusement l’alcool est toujours aussi présent.
Le chemin est encore long mais je sens que je suis sur la bonne voie.